La représentation des cheveux texturés dans les médias
Le culte du cheveu lisse
Selon les époques et les modes, les cheveux texturés ont été plus ou moins bien acceptés dans les médias. Dans les années 60 et 70, les cheveux crépus étaient tendances. À la télévision, au cinéma, dans la musique, la coupe afro était partout. Des stars comme Michael Jackson ou Diana Ross arboraient fièrement leurs cheveux crépus. Dans les années 80, le défrisage et le brushing étaient la norme. Même ces super stars n'ont pas résisté à la mode des cheveux lisses.
Devant l’uniformisation des cheveux dans les médias, le grand public a intégré que le cheveu lisse est l’unique standard de beauté.
Manque de tolérance
Souvent la différence dérange. Les personnes avec des cheveux bouclés, frisés ou crépus font l’objet de moqueries ou d’insultes de la part de certains journalistes français.
Thierry Ardisson a eu des remarques injurieuses face à son invité Stéfi Celma. Dans l’émission Salut Les Terriens, il n'a cessé de se moquer de ses cheveux frisés. Il a lancé “pour se coiffer, elle met les doigts dans une prise” ou bien “vous êtes un cauchemar pour toutes les coiffeuses”. Ces propos se voulaient être une plaisanterie. Mais cela a uniquement fait rire l’animateur et son public. L’actrice, quant à elle, a gardé un sourire de façade et elle s’est défendue tant bien que mal. Elle a revendiqué ses cheveux naturels et le fait de les assumer avec plaisir. Mais quand le journaliste lui dit "vous mettez des bâches” en guise de chapeau, on l’a sentie blessée.
Les hommes n’ont pas échappé aux railleries des journalistes. Ce fut le cas de Omar Sy qui a été ouvertement insulté par une journaliste du magazine Voici. Pour le film Chocolat, l’acteur a arboré une coupe afro, que le magazine people a taxée de “ridicule”.
Devant tant d’intolérance, peu d’artistes ou personnalités publiques n’osent assumer les cheveux naturels. Résultats : les femmes se lissent les cheveux et les hommes les coupent très court ou les rasent.
Une représentation caricaturale
Et quand les cheveux texturés sont représentés dans les médias, c’est souvent de façon caricaturale. Enfant, je voyait une publicité qui montrait une femme noire en boubou avec une coupe afro tellement énorme qu’elle n’a pas senti l’objet tombé d’un immeuble sur sa tête. Ce genre d’image peu valorisante du cheveu texturé n'encourageait pas la petite fille que j’étais à assumer ses cheveux. Heureusement, les choses ont évolué depuis. Aujourd'hui, on voit des cheveux bouclés, frisés et crépus, dans les publicités et dans les magazines. Pourtant, il a encore du travail pour que les médias aient une approche réellement inclusive. Car montrer une femme noire avec des cheveux crépus ne suffit pas. Il faut que la démarche soit authentique et non simplement pour valider une politique RSE. Cela évitera les maladresses liées à la perception négative de cette texture de cheveux. Cela évitera l’utilisation de termes péjoratifs comme indomptables, crinière, pas professionnel… Quand on s’adresse à sa clientèle, on ne la dénigre pas, on la valorise.
Changer la narrative
Même si les cheveux texturés sont très visibles sur les réseaux sociaux et la publicité, c’est plus rare sur les plateaux télé ou dans les films. Pourtant, cette représentation de toutes les textures de cheveux et de toutes les carnations est importante, en particulier pour les enfants. Les plus jeunes ont besoin d’avoir une bonne représentation d’eux pour développer la confiance en soi et l’estime de soi.
En créant Zawema, la marketplace dédiée aux cheveux bouclés, frisés et crépus, je souhaite changer la narrative. Chez Zawema, nous facilitons l’accès aux soins capillaires pour les cheveux texturés, nous mettons en avant toutes les formes de boucles, nous accompagnons nos client.e.s vers l’acceptation de leurs cheveux naturels. Notre objectif ? Contribuer à une meilleure représentation des cheveux bouclés frisés et crépus dans l’espace public et dans les médias.
Haafoussoi Vandewalle
Fondatrice de Zawema